mercredi 10 juin 2015
Le fond d'écran Partage
Au format 1920 par 1080 voici un fond d'écran pour votre ordinateur, à partager sans restriction.
Téléchargeable ici ou en cliquant directement sur l'image
Une fois le lien ouvert, cliquer en haut de l'image sur l'icône "Télécharger".
lundi 8 juin 2015
Poser sa voix
Les 18 et 21 Avril 2015, Parage a proposé à ses permanents
une journée de formation intitulée "Poser sa voix". Animée par Lauriane
Gaudois, une intervenante dynamique et convaincante, les participants ont pu
découvrir, au delà de la simple utilisation de la voix, une manière originale de
gérer le stress lors de la prise de parole en public.
Lauriane a accepté de répondre à quelques questions quant à
son parcours et son implication dans l'utilisation de la voix comme outil
pédagogique.
Bonjour Lauriane, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Lauriane Gaudois |
Je m'appelle Lauriane Gaudois, j'ai vingt et un ans, et je
suis étudiante au conservatoire de musique à Boulogne Billancourt en tant que
chanteuse lyrique. J'ai commencé la musique toute petite, à l'âge de cinq ans
en faisant du violon, baignant dans une famille de musiciens, tous
professeurs... Mais c'est le chant qui m'a vraiment plu, j'ai commencé en
chantant dans la chorale de mon collège, puis à dix sept ans j'ai décidé de
tenter ma chance dans la musique classique en rentrant au conservatoire du
Mans, pour me retrouver cinq ans plus tard en région parisienne, depuis
maintenant deux ans...
Comment en êtes vous arrivée à associer le chant et les
techniques de gestion du stress ?
J'ai commencé comme toute adolescente à vouloir chanter
devant un public au lieu de rester dans
ma douche, et je me suis très vite aperçue que mon plus gros handicap était la
peur bleue que j'avais d'ouvrir la bouche devant d'autres personnes... Je
tremblais de tout mon corps, j'avais le souffle coupé, et une voix de petite
souris sortait de mon gosier... Mais j'avais envie d'y arriver, alors j'ai
décidé de me battre contre ce handicap. Et mon combat n'est pas terminé. Du
coup j'ai eu grandement le temps d'y réfléchir, de comprendre pourquoi je
paniquais, et à force j'ai commencé à chercher des techniques pour échapper à
ce stress, pour parvenir à le contrôler, à le maîtriser, comme un animal que
l'on dompte. J'ai donc appris à construire mon souffle, et je continue encore.
J'ai appris à prendre conscience de chaque partie de mon corps pour mieux le
comprendre, à le construire comme un socle pour ne pas laisser de fragilité
m'atteindre, mais j'ai aussi appris à changer ma vision du chant, ma vision de
ma propre peur. Chanter est pour moi un processus thérapeutique, une vraie
prise de conscience de soi-même, et quelque part une acceptation de
l'imperfection, et du danger. Chanter c'est se mettre en danger. On est
observé, jugé, écouté, souvent très attentivement.... La moindre erreur de
notre part, et l'on pense que rien n'est pardonné... Oui, on est fragile quand
on chante, parce que l'on donne une part profonde de soi-même, alors finalement
c'est comme apprendre à sauter dans le vide avec la plus grande confiance au
monde.
Quels bénéfices constatez vous chez les participants
(directes ou à plus longs termes) ?
Il y a toujours un début d'a priori quant à l'efficacité de
ce que je leur propose. En vérité je pense que les gens s'attendent à des
effets immédiats, mais dans l'immédiat, et c'est ce qui compte le plus, c'est
un début de cheminement qui émerge chez la plupart... Demander à des gens de
tout à coup se faire confiance, ne pas se juger, se sentir à l'aise, s'écouter,
et respirer ensemble, ce n'est pas une mince affaire... Mais au fur et à mesure
que la séance avance, il est fascinant de constater les déblocages engendrés.
Beaucoup arrivent en me disant qu'ils n'ont aucun problème, et ressortent en se
posant des milliards de questions, et en commençant à sentir leur dos...
Beaucoup ne se rendent pas compte qu'ils ne respirent pas, qu'ils sont
totalement bloqués, mais parce que personne ne leur a jamais appris ce que
c'était de pouvoir être libre dans son corps. Certains ont pu reprendre
confiance, ont commencé à comprendre qu'ils n'avaient pas tant de problème de
placement de voix, mais plutôt d'idée qu'ils s'en faisaient. Ils sont tous
arrivés avec des problèmes dans la tête, et certains sont partis avec un
soulagement, d'autres désorientés, d'autres endormis... Mais je pense qu'il n'y
en a pas un qui n'est pas rentré chez lui en se demandant comment il allait.
Comment son CORPS allait.
Après à long terme, il faut parler d'année, et je n'ai pas
encore de retours, mais je peux vous parlez de ce que je vois autour de moi,
chez les chanteurs. J'ai la chance de travailler avec une professeur de chant
qui a toujours énormément insisté sur ces techniques et mon stress, et au bout
de cinq années, je réussis maintenant à dissocier ma peur rationnelle de ma
peur irrationnelle. Je n'ai plus peur d'être là, d'exister, et d'être
légitimement présente... !
Quels sont les a priori que vous rencontrez le plus
souvent lors de vos interventions et comment les gérez vous ?
Au départ j'ai souvent beaucoup de questions : « à
quoi ça sert ? », « je sens rien », beaucoup de rires, de
sourcils levés, etc... Mais j'ai très vite compris que les gens ont besoin
d'explications à tout, et c'est normal, puisqu'il s'agit de prendre conscience
de ce qu'il se passe... De plus, comme la plupart sont stressés, les rires sont
très souvent nerveux, et les questions sont comme une remontée à la surface en
cas de panique extrême. Parfois les questions sont brutales, et il ne faut pas
se laisser faire, ni répondre par la brutalité. Encore une fois, j'explique, et
je tente d'apaiser, car là encore, c'est une réaction d'angoisse. Beaucoup ont
très peur de se laisser faire, et refusent au début, mais progressivement, en
voyant les autres le faire, et en commençant à se concentrer, j'arrive à mes
fins...
Que retirez vous de vos interventions ?
Étrangement – ou pas tant que ça – le fait d'apprendre à
d'autres personnes comment vaincre son propre problème, c'est parfois le
meilleur moyen de le vaincre soi-même. L'enseignement en règle générale, c'est
un miroir qui nous montre chez les autres ce qui va, et ce qui ne va pas. J'ai
énormément appris sur moi-même et ma propre gestion du stress pendant ces trois
interventions. Mais j'ai également eu la sensation de gagner dix ans en me
plongeant dans une véritable master classe ou tout un groupe attendait quelque
chose de moi, et avec généralement beaucoup d'aplomb. Encore une fois j'ai eu
peur de ne pas être légitime, du haut de mes vingt et un ans, mais une fois
dedans, je me suis faite extrêmement plaisir. J'ai eu à faire à des gens d'une
grande humanité, et leur apprendre des choses aussi personnelles, intimes, et
profondes, cela a fait ressortir des histoires très touchantes, des
« énergies » positives, et beaucoup de bienveillance. J'ai eu la sensation
d'apprendre à ces personnes comment se décortiquer, s'ouvrir, à soi, mais
également aux autres. Il y a des choses très techniques dans cet apprentissage,
mais je crois que ce qu'il y a de plus important, et de plus fort, ce sont les
émotions qui s'en dégagent.
Inscription à :
Articles (Atom)