mercredi 20 mai 2015

La santé comme enjeu de l’insertion

La santé, c’est « la vie dans le silence des organes » disait le grand chirurgien René Leriche au tout début du XXè siècle. Le silence et la discrétion des nombreux organes qui structurent notre corps et assurent son bon fonctionnement au quotidien nous laissent libre cours pour vaquer à nos occupations ordinaires. Nous respirons sans même y penser, nos reins travaillent dans la plus grande des discrétions, le sang circule et fait son travail sans que nous en soyons conscients, etc.

Mais au-delà de cette première définition, la philosophe Ingrid Auriol nous apprend que « la maladie renvoie plus fondamentalement à l’impossibilité essentielle de se suffire à soi-même et à la difficulté d’être soi-même, que tout homme, diversement, éprouve ». Cette idée est mise en lumière d’une manière toute particulière lorsque nous considérons la santé des personnes précaires ou sans emploi.

Auteur : Gaspard Schlum
Artiste : Gaspard Schlum
Depuis 30 ans, Partage fait le constat cinglant que les problématiques de santé, associées aux difficultés d’ordre familiale, constituent un frein dans le retour à l’emploi pour 35 % des personnes accompagnées. La peur, le défaut d’information, le manque de disponibilité mentale sont autant de facteurs qui expliquent que les personnes en situation de précarité n’accordent pas toujours la juste importance à la prise en charge des soucis de santé, qui se cumulent et s’aggravent.

Ainsi, les études montrent que les personnes se trouvant dans des situations sociales difficiles ont d’avantage de problèmes de santé que la population moyenne*. Concernant la santé des chômeurs,  un article publié dans l’Express du 24 mars 2015 rapporte une étude inquiétante de l’INSERM : la surmortalité chez les chômeurs serait 3 fois supérieure à celle des non-chômeurs, et serait en partie liée à des comportements à risque plus importants.

La santé est donc un enjeu majeur pour le retour à l’emploi et l’insertion durable. Les parcours d’insertion professionnelle doivent s’emparer de ces constats pour informer et inciter les personnes à consulter et prendre au sérieux leurs difficultés de santé. Lorsque les organes retrouvent le silence de leur bon fonctionnement…alors la vie professionnelle peut reprendre son cours.

* Emmanuelle Cambois, « Les personnes en situation sociale difficile et leur santé », ONPES, 2003-2004

Rédactrice : A.B.

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